L’étalonnage
Un travail précis sur la couleur
L’étalonnage est une spécialité. Le premier poste de cette fonction est de travailler les contrastes, les couleurs et l’aspect général de l’image. Le second poste consiste à donner une “patte” au film avec une colorimétrie spécifique.
Le premier poste determinera le rendu technique, le second, le rendu artistique. C’est donc un poste en 2 étapes.
La tarification
Cette prestation commence à 200 euros HT/jour pour une mise en conformité technique. Le coût monte entre 250 et 300 euros HT/jour sur un travail de précision, plus artistique, comprenant les retouches “secondaires”. Cela consiste à faire des masques de sélection sur des zones à retoucher, ainsi qu’un travail sur un look “cinéma” défini avec le client.
C’est pourquoi la prestation se détermine avec précision lors d’un entretien et selon un cahier des charges, car les options sont nombreuses.
Elle est comprise dans de nombreux forfaits de montage “corporate”. En effet, les conditions de tournage diffèrent de celles d’un documentaire ou d’une fiction. Des informations complémentaires sont décrites plus bas pour mieux comprendre pourquoi il y a des différences de processus.
Le poste de travail
C’est une qualification de précision qui allie technicité et exigence, mais aussi beaucoup de savoir faire. J’ai pratiqué la photogravure en imprimerie pendant plus de 20 ans avant de glisser vers l’étalonnage en audiovisuel que je pratique depuis plus de 12 ans. Le set-up que vous apercevez ici est mon poste le travail que j’utilise au quotidien. Il évolue sans cesse au fil des années pour rendre un service plus complet et plus qualitatif pour mes clients.
Un des paramètres essentiels est la caractérisation des écrans. C’est-à-dire leurs calibrations colorimétriques pour avoir un rendu des couleurs fiable et permettre des retouches cohérente sur la chaîne de diffusion cible.
L’écran se calibre 2 fois par mois à l’aide d’un spectrophotomètre tel que le i1 Display pour travailler en toute efficacité et garantir l’affichage des bonnes couleurs dès la prise en charge des images à retoucher.
Pourquoi ce poste est une spécialité ?
les techniques sur la couleur
Une formation d’imprimeur pendant 10 ans et un brevet de maitrise en imprimerie ensuite, m’a permis de me spécialiser dans la “gestion des couleurs”, sur le processus de la prise de vues à l’impression finale, sur un support choisi.
La colorimétrie en général est devenue avec les années une “marotte” chez moi. C’est un domaine fascinant qui requière à la fois des notions techniques très pointues et un regard artistique aiguisé.
La compréhension de la synthèse additive et soustractive est le premier volet de cet apprentissage. Les techniques numériques ont considérablement modifié le métier avec le temps.
Procédure et finalité
Le tournage d’un reportage ne se déroule pas comme celui d’une fiction ou d’un documentaire. Le temps de fabrication d’un film corporate est extrêmement limité. Un devoir de “productivité” est souhaité sur ce type de contenu.
C’est pourquoi le “profil couleur” choisi à la prise de vues est très important. Il sera préférable de tourner avec un profil pré-établi pour un rendu presque finalisé qui ne demandera que de légères retouches pour arriver au résultat souhaité.
Sur un documentaire ou une fiction, le profil choisi sera au format “Log” (logarithmique) ou “Raw” avec des réglages très différents sur la caméra. Ce processus fournit une image “flat” (très laiteuse) qu’il faut travailler à l’étalonnage.
Pourquoi utiliser l’étalonnage
Le fait de travailler la prise de vues en “log ou en Raw” permet au capteur de la caméra d’enregistrer beaucoup plus d’informations numériques.
Dans une image compressée en Jpeg, certaines zones noires doivent être “débouchées”, sous peine de devenir grises rapidement, alors qu’une image log ou Raw, fera apparaitre des détails insoupçonnés car l’image à beaucoup plus de profondeur qu’une image compressée à la base.
Les fichiers sont beaucoup plus lourds et plus complexes à travailler. Le “workflow” est plus exigeant aussi. Mais les rendus sont bien plus fins et notamment sur les images sombres. Ce travail a donc un coût spécifique.
La prestation du poste étalonnage
Le nombre de prestataires pour réaliser une vidéo a toujours été important dans notre corporation. Le commercial, le scénariste, le régisseur, le réalisateur, le cadreur, le preneur de son, le directeur de la photographie, les différents techniciens et autres assistants, la maquilleuse, la coiffeuse, le monteur, le motion designer, le sound designer, les musiciens (pour ne citer que les essentiels), engagent forcément des coûts importants pour toute réalisation audiovisuelle.
Depuis quelques années le marché a été bouleversé. Les moyens techniques sont devenus plus accessibles et plus rationnels. Tout un microcosme technologique est apparu pour ce métier, permettant à beaucoup de petites productions d’émerger.
Être vidéaste indépendant aujourd’hui est une particularité. Car c’est un profil professionnel multicompétence. L’équipe de production passe de plus de 15 personnes à moins de 5 pour réaliser le même produit. Pour les demandes les plus rationnelles, 2 techniciens suffisent, le plus souvent. C’est dire l’hyper spécialité d’un vidéaste en 2022.
Mes atouts
Parmi les compétences acquises depuis des années, l’étalonnage est un atout, car il me permet d’être indépendant sur des montages complexes. C’est une spécialité que je cultive depuis plus de 30 ans qui me permet aussi de proposer mes services “d’étalonneur” sur des reportages, des courts ou longs métrage. Je me suis doté d’une console BlackMagic Design qui me permet d’être plus performant en productivité.
Voici une image échantillonnée en 16 bits par pixel à gauche et en 8 bits par pixels à droite. Le nombre d’informations numériques est amoindri en 8 bits. La différence interagit sur le résultat à l’étalonnage.
Pour bien exposer la jeune femme il a fallu faire des choix entre elle et le fond de l’image. En 16 bits le contenu entre le premier plan et l’arrière-plan ressemble à la réalité.
Vous savez maintenant pourquoi un journaliste de terrain au JT à un fond “cramé” la plupart du temps. Le journalisme va à l’essentiel de l’information au détriment de la qualité de l’image. Le réalisateur de films prend le temps de faire de la prise de vues de qualité et fait appel à un service d’étalonnage.
Ce qui se passe techniquement
Un pixel a de nombreux états suivant le type d’information qui lui sont attribués. Ainsi un pixel qui fonctionne sur 1 code binaire digital (Bit) peut être soit noir, soit blanc. Il ne contient que 2 états de rendu, possibles.
Un pixel auquel 8 bits d’information numérique est attribué, peut contenir 256 codes possibles (2 exposant 8). Donc 254 nuances de gris entre le noir et le blanc. Une image en “niveau de gris” permet de distinguer un “modelé” contenant les contrastes et les nuances d’une photo dite “noir et blanc”.
Un pixel échantillonné sur 10 bits (2 exposant 10) contient 1024 nuances. Autrement dit, le nombre de détails dans l’image devient plus important et intéressant.
Au cinéma l’échantillonnage se travaille en 12 bits au minimum et en 16 bits quand la caméra le permet. 16 bits d’information c’est 65536 états de gris différents. Ajouté à cela, 3 canaux de couleur ; le rouge, le vert et le bleu. Soit 65536 exposant 3. L’image peut ainsi contenir 2.7890585e+14 couleurs. Soit des milliards de possibilités de nuances. Alors que sur 8 Bits en RVB, il y a peine 16 777 216 couleurs possibles. Une galaxie d’écart entre les caméras premier prix et les caméras de cinéma. Mais tout un monde de possibilité pour l’étalonneur.
Imaginez que notre œil humain permet un échantillonnage sur 24 bits ! C’est juste extraordinaire !
A ne pas confondre
Pour autant, ne confondez pas le nombre d’états du pixel et sa grandeur. La première notion détermine sa couleur, sa saturation et sa luminosité. La seconde notion détermine le nombre de pixels sur un pouce de distance (2,54 cm). C’est le fameux nombre de pixels par pouce, soit la résolution de l’image. Une toute autre histoire à raconter…